2007-09-08

Lettre ouverte à Réjean Tremblay

Ceci se veut une réplique à la chronique de Réjean Tremblay du 8 septembre

Est-ce que je devrais lui envoyer?

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Monsieur Tremblay

Je lis La Presse depuis plusieurs années. D'abord chez mes parents quand j'étais petit, ensuite à l'université, et maintenant chez moi. Je me considère comme un québécois tout ce qu'il y a de plus moyen, je vais voir une partie ou deux à chaque année dans les bleus en haut. D'ailleurs j'aimerais vous signaler que ça coûte pas nécessairement un bras d'aller au Centre Bell. À moins de 30$ du billet (sans compter les exorbitants frais du réseau Admission qui sont hors du contrôle du CH), en métro (je ne comprendrai jamais l'argument de se plaindre du coût du stationnement quand il y a le métro à côté, mais il est vrai que comme plusieurs centaines de milliers de montréalais j'ai ma passe d'autobus), en mangeant avant (c'est sûr que si vous tenez à manger un hot-dog dans la bâtisse ça monte, mais il y a bien assez de restaurants autour pour manger à un prix raisonnable), ça donne une soirée pas si chère que ça et relativement agréable. Mais là n'est pas le but de ce message.

Je n'ai jamais senti le besoin de répondre à un article... mais celui que vous avez "commis" le samedi 8 septembre est d'une telle pauvreté que je n'ai pas pu me retenir.

La fameuse déclaration de Saku Koivu, bien que véridique (voir le CH en finale de la Coupe Stanley est plutôt optimiste), était malheureuse. De là à monter toute une histoire avec une phrase pensée en finlandais, énoncée en anglais et traduite en français ensuite, je trouve que c'est gros un peu. Et de là à dire que Koivu n'a pas de couilles, ça en devient drôle. Mais c'est vrai que c'est l'été, qu'il y a peu de nouvelles et que polémiquer au sujet du CH fait vendre bien plus de copies que de parler de la Vuelta ou des Championnats Mondiaux de vélo de montagne (combien de lignes là-dessus dans le cahier sports samedi?).

Je passerai par-dessus votre idée de tenir le compte entre la Presse et l'Organisation (ce terme que vous semblez tellement apprécier). Disons simplement que c'est inutile (voir si vous iriez en sens inverse de votre collègue) et surtout c'est très puéril, digne des cours d'école que j'ai quitté il y a plusieurs années.

Parlons ensuite de l'article de Mathias Brunet. J'ai toujours apprécié le travail de monsieur Brunet; je crois cependant que cette fois-ci, il s'est planté. Ça arrive à tout le monde, je ne lui en tiendrai pas rigueur. Toute son argumentation (et la vôtre) oublient quelques points importants:

  • Ce n'est pas le DG, ni le joueur qui choisit avec qui il va jouer. C'est l'entraîneur.
  • Négocier les lignes le 1er juillet, c'est comme prévoir la météo qu'il fera dans six mois. On ne sait pas qui sera avec l'équipe en début de saison (que ce soit à cause de transactions, de signatures de joueurs autonomes, d'un camp d'entraînement au-dessus des attentes, de maladie -voir le cas de monsieur Pisani à Edmonton- et de bien d'autres choses encore). Sans compter que les lignes dans une saison, c'est très éphémère... Si Gainey avait accepté la prétendue demande de Daniel Brière, qu'aurait-il fait si la combinaison ne marche pas? Aurait-il laissé la ligne telle quelle pour ne pas déplaire à Daniel Brière, quitte à laisser l'équipe s'enliser? Ou bien est-ce que Daniel Brière aurait dicté les lignes à chaque partie?
  • Pourquoi l'article de Mathias Brunet assume-t-il que Koivu va jouer avec Ryder et Higgins l'an prochain? En fin de saison, ces trois joueurs n'étaient plus ensemble, Higgins formant un trio intéressant avec Plekanec et Andrei Kostitsyn.

Tout ceci pour dire que votre article (et celui de monsieur Brunet) sautent par-dessus LA question: "Est-ce qu'un joueur devrait choisir avec qui il joue?". Au lieu d'entrer dans ce débat bien plus révélateur, vous avec préféré détourner le sujet en une autre charge contre monsieur Gainey et monsieur Gillett, c'est tellement plus facile. Il est vrai que d'entrer dans le réel débat aurait pu vous mettre dans une position plus fragile vis-à-vis les joueurs, ces sources d'information que vous défendez toujours envers et contre tous.

Ma vision dans ce réel débat, c'est que si Brière a fait une telle demande, j'applaudis la décision de Gainey de refuser de promettre à Brière de choisir ses compagnons de trio. Peut-être suis-je vieux jeu, mais je crois fermement que la composition des trios est déterminée par l'entraîneur, pas par le joueur et qu'elle est dictée par les circonstances du moment, pas par des prévisions faites le 1er juillet. Si un joueur veut passer par-dessus ce que je considère être du gros bon sens, je crois que c'est de l'égoisme qui nuira à l'équipe. Si c'est le seul critère qui a fait choisir Philadelphie à Daniel Brière, il vient de perdre beaucoup de respect de ma part.

Vous laissez ensuite (et encore) une fois sous-entendre que l'Organisation méprise les francophones. C'est drôle, mais en tant que québécois de souche tout ce qu'il y a de plus francophone, je ne me sens nullement méprisé par une équipe qui a choisi de s'améliorer de la façon la plus intelligente et la plus efficace, c'est à dire par le repêchage. Curieusement, je détecte bien plus de mépris dans l'appellation "indigène" que vous utilisez vous-même. Dois-je proclamer sur toutes les tribunes que vous méprisez votre lectorat? Vous sembler aussi porter peu d'estime à monsieur Gillett simplement parce qu'il est américain, ce qui est loin d'être une bonne raison. En tout cas, c'est l'image que vous projetez...

Et évidemment, vous profitez de l'occasion pour lancer des flèches à Gainey au passage. Ce n'est pas une surprise; c'est ce que vous faites à chaque occasion. Curieusement, cet acharnement a commencé au moment où monsieur Gainey a éloigné les journalistes. Peut-être que je me fais des idées, mais ça ressemble à une vendetta de votre part. En fait, pour avoir sondé mon entourage, je ne suis pas le seul à avoir cette impression. Peut-être ai-je tort et que c'est une pure illusion. Mais même si c'est le cas, la simple perception que vous renvoyez au gens nuit beaucoup à votre crédibilité.

Ceci n'est pas une apologie du travail de Bob Gainey. Il a fait ses erreurs, comme il a fait ses bons coups. Je crois que si on fait le décompte, il y en a plus de bons que de mauvais. Je déplore cependant que les médias semblent s'acharner sur les mauvais coups et passent sous silence les bons. Je crois aussi qu'il a fait un excellent travail pour remonter une organisation démolie par Réjean Houle, un homme très sympathique mais qui n'était pas à la bonne place au bon moment. Je regarde les bonnes équipes du moment dans la ligue (Ottawa, Anaheim, Buffalo) et je vois bien que ce sont des équipes qui se sont rendues là surtout grâce au développement à l'interne de jeunes joueurs, et je crois que c'est ce que Gainey fait à Montréal (en continuant le travail entamé par André Savard). Bien sûr, il manque un joueur d'impact pour passer un niveau plus haut, mais il y en a peu de disponibles, il y a 30 équipes qui se les disputent et aller en chercher un n'est pas facile. Mais bon, tout ceci ne sont que mes opinions, peut-être suis-je un indigène colonisé qui avale le contrôle de l'information par l'organisation du CH.

Mais curieusement, je vois aussi un grand copinage de la part des médias francophones. Tout le monde s'appuie l'un et l'autre au point de se demander qui a vraiment un détachement et une objectivité par rapport au CH. C'est vrai que quand tout le monde s'invite l'un et l'autre aux mêmes émissions de télé ou de radio, ça devient dur d'avoir de l'information et des débats de fond (bref, le contraire de 110%, l'émission championne de la superficialité).

Non, je ne menacerai pas d'annuler mon abonnement à cause de cet article. Malgré cette tendance que vous avez à tout monter en épingle avec le CH (à votre décharge, les autres médias le font tout autant que vous), la qualité de La Presse est bonne. Des gens comme Richard Labbé, Serge Chapleau, Pierre Foglia, Yves Boisvert, Ronald King, Rima Elkouri et autres Vincent Marissal sont de grands artisans qui livrent de l'écrit d'une qualité exemplaire.

Je doute de l'utilité réelle de cette lettre (votre opinion est faite, et je serais bien surpris qu'elle change), mais coudonc, ça vous aura permis de voir que ce ne sont pas tous vos intervenants qui écrivent des messages de 2-3 lignes bourrés de fautes. Alors continuez à écrire vos séries télé, elles sont tellement prévisibles qu'elles sont d'excellentes comédies qui me font rire chaque semaine.

1 commentaire:

AB a dit...

oh wow tjrs en amour avec le beau Réjean ;-)