2012-04-16

Quelle jolie grève

Je dis grève juste parce que ça déplaît aux André Pratte et autres Dubuc de la Presse qui prennent un malin plaisir à parler de boycott des cours, ce qui est ma foi un admirable exemple de coupage de cheveux en quatre d'une contreproductivité remarquable. Personnellement je suis encore à quelque part entre 'pour' et 'contre' mais je demeure fermement campé sur ma position de l'autre semaine: l'argumentation servie de part et d'autre est d'une profonde nullité. Sérieux, quand on voit Y (J de M, J de Q) caricaturer Nadeau-Dubois en Ben Laden, me semble que c'est de mauvais goût. Rendu là, c'est s'attaquer directement à la personne et non plus à ses positions. C'est faible.

Anyway elle dure cette grève, même si elle montre de plus en plus de signes de déstabilisation.

Hier soir la ministre Beauchamp annonçait une offre à la FEUQ et la FECQ, mais pas à la CLASSE (et pas seulement à cause leur acronyme pathétique). Quand j'ai entendu ça, je me suis dit que c'était d'une redoutable efficacité politique; la FEUQ demande de quoi, le gouvernement lui répond de façon favorable, mais en éliminant un acteur fatiguant. Diviser pour régner, dit le proverbe... si la FEUQ accepte, le front commun étudiant est définitivement détruit. Si elle refuse, la FEUQ fait preuve aux yeux du public de mauvaise foi car elle refuse quelque chose qu'elle avait d'abord demandé. C'est une situation d'où elle peut difficilement sortir grande gagnente. Très rusé de la part du gouvernement; en faisant en jeu de mots poche, la CLASSE s'est fait montrer qu'elle en a beaucoup à apprendre en termes de manoeuvres politiques.

Réponse? La nuit passée, vandalisme et cocktails molotov dans des bureaux de ministres. Pas fort. Ce matin, objets lancés sur les rails dans 5 stations de métro. D'ailleurs j'y étais dans le métro et l'opérateur du train où j'étais (jammé à Papineau) a eu la présence d'esprit et la transparence de dire que c'était la faute à des objets lancés sur la voie à Préfontaine. Dans les secondes suivantes, message général du métro disant que le service était perturbé sur 3 lignes en même temps. Quelle coincidence. Le lien a été fait rapidement par à peu près tout le monde. Chers leaders étudiants qui ne lisez probablement pas ce texte, je peux vous dire une chose: je n'ai vu personne dans le train applaudir la manoeuvre. Je n'ai vu personne sacrer après non plus... mais j'ai vu un sentiment général de profonde indifférence teinté de "gang d'épais". Vous êtes rendus à un stade où le travailleur moyen se contrecrisse de votre cause et vous juge seulement par vos actes. Actes qui n'ont pas été d'une grande brillance dans les 24 dernières heures.

Soit la CLASSE a perdu le contrôle de ses éléments radicaux, soit elle approuve les gestes. Dans un sens comme dans l'autre, ce n'est pas fort.

Certains pensent qu'il s'agit d'éléments perturbateurs même pas étudiants, genre policiers. J'en doute. Quand un faux manifestant doit il entrer en action? Quand ça va vraiment mal pour le parti au pouvoir; quand l'autorité perd du terrain. En faisant des gestes significatifs, ils tentent de renverser l'opinion publique. Et franchement, en ce moment, dans l'opinion publique à propos de la grève, c'est loin d'aller mal pour Charest (d'ailleurs quelqu'un l'a vu lui? Beauchamp a intérêt à recevoir une bonne prime à Noël; elle est la seule à aller au bâton). Quelle serait la pertinence de mettre de la pression comme ça alors que la situation s'en va dans son sens?

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