Ma classique préférée de vélo qui s'est tenue dimanche passé.
Paris-Roubaix, c'est 260km, dont 53 sur des routes de pavés. Pas les petits pavés gentils du vieux Montréal... non... des féroces. Irréguliers, gros et méchants. C'est une course pour les durs... ça casse les vélos et les cyclistes. En plus, les routes sont très étroites (la largeur d'une voiture) et déformées, alors le positionnement dans le peloton est crucial.
Souvent en plus, ça se joue sous la pluie et le froid, alors quand les gars arrivent au bout ils ressemblent plus à des lutteurs dans la boue qu'à des cyclistes. On appelle pas ça l'Enfer du Nord pour rien. Au moins, cette année, la météo était plutôt ensoleillée.
Dans de telles conditions, ce sont des coureurs plus durs qui s'imposent. Les belges évidemment, car les pavés sont leur spécialité. Boonen, Devolder, Hoste... les angl0-saxons peuvent s'en tirer, notamment l'américain Hincapie ou l'australien O'Grady. Et quelques rares exceptions helvétiques (Cancellara), italiennes (Ballan, Pozzato) ou espagnoles (Flecha).
Un des premiers secteurs d'importance est celui de la Trouée d'Aremberg. C'est le 11ème secteur pavé, à environ 96 km de l'arrivée. Il y a bien eu une série des secteurs avant, mais ils n'ont servi qu'à épuiser un peu tout le monde. La Trouée, c'est 2.4km des pires pavés de la course. Il se passe TOUJOURS de quoi dans ce secteur. Dû à l'ancienne exploitation minière du coin, la nappe phréatique n'est pas trop loin et c'est toujours un peu humide en surface, ce qui rend les pavés encore plus glissants. Et comme c'est en forêt, il y a de l'ombre alors ça ne sèche pas. Le peloton arrive là-dedans à 60km/h alors quand ça frappe le secteur... ça explose. S'il y a un gars trop lent devant vous, c'est tellement étroit et dur de dépasser que le trou se fait et vous ne reverrez plus les meneurs.
Donc le peloton approche de la Trouée, c'est nerveux... et comme de fait, le crash. Flecha et Pozzato, out. Oh, ils se sont bien relevés... mais le mal était fait, ils étaient largués. Ils sont parvenus à rejoindre le groupe de tête 20km plus loin, mais dès la première attaque ils étaient fichus tant ils avaient forcé pour remonter.
Le temps passe, et à 50km de l'arrivée, brillante tactique des équipes Quick Step (Boonen, Devolder) et CSC (Cancellara, O'Grady). Le numéro 2 de l'équipe Quick Step, Devolder, attaque. Si on le laisse aller, c'est un client pour la victoire, il a d'ailleurs gagné la Route des Flandres (une course tout aussi prestigieuse que Paris-Roubaix) la semaine passée. Tout de suite, O'Grady, le numéro 2 de CSC, part en contre-attaque et le rejoindre. O'Grady aussi est un client sérieux... il a gagné Paris-Roubaix pas plus tard que l'an passé. Donc à deux ensemble... ils peuvent se rendre au bout.
Hoste, de l'équipe Silence-Lotto, n'a pas le choix. S'il veut conserver ses chances de victoire, il doit travailler pour les rejoindre. Et c'est clair que Boonen et Cancellara ne l'aideront pas, puisqu'ils ont chacun leur équipier à l'avant. Il fait donc travailler son lieutenant Van Summeren qui fait un bon boulot pour refermet l'écart, mais qui n'est pas assez fort pour tout faire à lui tout seul. Hoste doit donc dépenser de ses réserves... et l'italien Ballan qui est dans la même situation doit travailler lui aussi.
Donc sans rien faire, Boonen et Cancellara sont en meilleure position. Comme de fait, l'échappée de Devolder et Cancellara est reprise, mais les adversaires ont laissé des forces. 10 minutes de rattrapage, à 30km de l'arrivée...
Et Cancellara le sait. Quelques km plus tard, il lance une attaque. Boonen sent que c'est la bonne et s'accroche. Ballan aussi. Boonen a un Championnat du Monde, un Paris-Roubaix et deux Routes des Flandres à son palmarès, et un maillot vert au Tour de France. Cancellara a deux Championnats du Monde Contre-la-montre, un Milan San-Remo, un Paris-Roubaix. Ballan a une Route des Flandres. Bref, c'est une échappée royale.
Sauf qu'avec Boonen dans l'échappée, c'est risqué pour les deux autres. Il leur est très largement supérieur au sprint. Ils doivent donc le décrocher, surtout que (paradoxe) la finale de la course est sur le vélodrôme de Roubaix. Surface parfaite pour un bon sprinter comme lui.
Hoste fait l'effort et rejoint les trois autres... et aussitôt, Boonen attaque. Ballan et Cancellara suivent, Hoste décroche. Cruel...
Un autre secteur d'importance est le Carrefour de l'Arbre, à 15km de l'arrivée. Là aussi c'est rough... et d'ailleurs Cancellara attaque, espérant décrocher Boonen. Mais le belge a eu un printemps un peu décevant et contre sans problèmes l'attaque. Cancellara tentera le coup à nouveau quelques km plus loin, Boonen va encore suivre.
Entrée sur le vélodrôme de Roubaix... Boonen à la troisième place, la meilleure. Le premier force, le deuxième doit surveiller en avant et en arriève... le troisième est en voiture. Et comme de fait, BANG! il place son attaque ultime... en quelques coups de pédale, plusieurs mètres. Rien à faire pour les deux autres, ils sont battus. Fin de course épique jouée à la perfection par le belge et il ajoute un deuxième titre de Paris-Roubaix à sa fiche.
Tant mieux car c'était sa dernière chance du printemps... les dernières classiques sont nettement plus vallonnées, destinées aux punchers comme Rebellin, Valverde ou Bettini. Pour Boonen, on peut prévoir un peu de repos avant d'entamer la préparation de son deuxième grand rendez-vous, le Tour de France en juillet. Eh oui, on en parle déjà...
PS: Valverde a gagné Paris-Camembert aujourd'hui. Outre le gros fromage qu'il a reçu comme prix (pas de farces!), ça montre qu'il est en forme pour les prochaines courses vallonnées qui s'en viennent: Amstel Gold Race, Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallone.
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