2009-06-16

Déconstruisons un texte d'Yvon Pednault

Un autre grand moment d'écriture d'Yvon Pednault sur Canoe (SCAAAAB!). Mes commentaires au travers en italique

C'était dans un hôtel de New York et l'événement marquait le retour du hockey après une interruption d'un an, interruption que Gary Bettman aurait pu éviter s'il avait laissé de côté son gros ego, mais bon. J'étais derrière Gainey, lui étant tout près de la tribune de RDS, pendant qu'on se préparait au derby Sidney Crosby.

>>Y'aime ça dire qu'il était là hein? Il est important le Yvon national.

Tout allait très bien, il y avait déjà 15 formations éliminées, et le Canadien était toujours dans le coup. Puis, il ne restait plus que 10 équipes. Gainey demeurait, vous le devinez, calme. Il observait, il regardait parfois autour de lui et il se disait: peut-être... Plus que six équipes. Wow. Gainey demeurait cependant de glace, mais, dans son for intérieur, comme il me l'avait précisé lors de l'entrevue d'après-repêchage, pendant un instant, il y croyait. Imaginez, Sidney Crosby chez le Canadien. Puis, le nom du Tricolore a été dévoilé.

Le Canadien sélectionnerait au cinquième rang à l'encan des joueurs amateurs, pendant que les Penguins s'assuraient le joueur le plus convoité: Sidney Crosby. Quelques jours plus tard, Gainey et Trevor Timmins réclamaient le gardien Carey Price. Une surprise puisqu'à l'époque, José Théodore était toujours le gardien du Canadien.

Pourquoi Price? Il y avait un dénommé Anze Kopitar qui n'était pas piqué des vers. Je l'avais observé au championnat du monde à Innsbruck et je croyais qu'il était le patineur que le Canadien ne pouvait rater, d'autant plus qu'un joueur de centre aurait dû être une priorité pour l'énigmatique Timmins.

>> Si Yvon dit que c'est Kopitar, c'est lui. Pas de doute. Yvon is God. Et ce n'est pas important de dire que Théodore s'est complètement écroulé depuis et qu'on est bien contents pareil d'avoir un jeune gardien prometteur. Et c'est vrai qu'avec Kopitar, les Kings forment une équipe qui aspire aux grands honneurs (moralité: un joueur ne fait pas une équipe).

UN GARDIEN DE CONCESSION

Quelques années plus tard, Price est encore considéré comme un gardien de concession, mais on attend toujours son éclosion, et les événements de la dernière saison ne sont pas de nature à rassurer la haute direction. Peut-être que le jeune homme reviendra sur terre sous la direction de Jacques Martin, sinon la sélection de Price se révélera comme une autre tache au dossier des recruteurs du Tricolore.

>> C'est vrai qu'on attend son éclosion. C'est pas comme s'il était un gars qui a joué deux saisons dont la fin d'une dans une équipe en déroute totale. C'est énorme. Sa carrière est complètement fichue. Et il est viiiiiieux! 21 ans, quel âge mur pour la retraite! Et c'est vrai aussi que le dossier des recruteurs est épouvantable, après tout on est une des équipes qui a le plus de succès en termes de nombre de joueurs repêchés récemment qui ont atteint la ligue par rapport au total des joueurs repêchés. Et que les plus beaux espoirs sont toujours d'âge junior...

Le repêchage des joueurs amateurs constitue l'événement le plus important de l'entre-saison. Plus important que le marché des joueurs autonomes sans compensation, à mon avis. Avec une nouvelle structure administrative, les équipes n'ont plus le droit à l'erreur. Les organisations misant sur des recruteurs rusés, des recruteurs avec du flair, réussiront à se maintenir dans le peloton de tête. Pourquoi croyez-vous que le Canadien a un mal fou à redorer son blason? Pourquoi croyez-vous que, depuis 15 ans, sept entraîneurs ont défilé derrière le banc et que trois directeurs généraux ont assuré la gestion quotidienne de l'équipe depuis le congédiement de Serge Savard? Il y a deux réponses : la première est l'entêtement des penseurs du Tricolore à colmater les brèches, même si on savait pertinemment que ça ne fonctionnerait pas. On disait toujours: nous n'avons pas le droit de terminer au dernier rang, les partisans ne nous pardonneront pas; l'autre, ce sont les sélections du repêchage universel. Et, si on consulte la feuille de route de Trevor Timmins, ce n'est guère reluisant.

>> Ah oui depuis 15 ans c'est évidemment toujours la faute de Timmins et Gainey. Même s'ils ne sont là que depuis 5 ans. C'est pas du tout la faute de Réjean Houle et des recruteurs de la fin des années 90 (ceux qui devraient nous donner nos joueurs d'impact 10 ans plus tard, genre là) qui ont été chercher les vedettes tels Terry Ryan, Matt Higgins, Jason Ward, Éric Chouinard, Alexander Buturlin, Ron Hainsey et autres Matt Carkner. Depuis son entrée en 2003 Timmins nous a donné comme joueurs qui jouent déjà régulièrement dans la ligue (et n'oubliez pas que ceux de 2006-07-08 sont encore quasiment tous d'âge junior): A Kostitsyn, S Kostitsyn, Lapierre, O'Byrne, Halak, Streit, Grabovski, Latendresse, Price et des joueurs tout près tels Chipchura, D'Agostini, Weber, Pacioretty), quelle feuille peu reluisante comparée à ses prédécesseurs. Mais évidemment ces responsables avaient des noms québécois, pas de sales noms anglos comme Timmins ou Gainey alors ils sont sans reproche.

LE PARI DE MARIO

Vendredi soir, j'observais Mario Lemieux tenir la coupe Stanley à bout de bras et je me disais que les Penguins avaient tiré le meilleur profit de leurs problèmes financiers. Pour sauver la concession, Mario et les Penguins ont pris une décision déchirante, celle de liquider les hauts salariés de l'équipe, je pense entre autres à Jaromir Jagr, sachant fort bien qu'ils s'exposaient au pire. Les Penguins devaient repartir à zéro. Mario avait réussi à garder l'équipe à flot pendant quelques saisons en effectuant un retour, mais il ne pouvait éviter l'inévitable.

De cette décision a surgi un joueur exceptionnel, Evgeny Malkin, et la chance s'est chargée de l'autre espoir, Crosby. Ajoutons à la liste un gardien qui sera candidat pour faire partie de l'équipe olympique du Canada, Marc-André Fleury, et un centre polyvalent, Jordan Staal. Les recruteurs des Penguins se sont ensuite tournés vers la filière québécoise pour compléter les effectifs avec Maxime Talbot et Kristopher Letang. À l'époque où le Canadien n'allait nulle part, qu'il se cherchait une identité, ce qu'il n'a toujours pas trouvé, à l'époque où cette équipe avait plus de joueurs de calibre de la Ligue américaine que de la Ligue nationale, elle aurait dû accepter de prendre du recul. Elle a préféré camoufler la médiocrité en créant encore plus de médiocrité.

>> Eille, c'est comme un article d'Yvon Pednault. Camoufler la médiocrité en créant encore plus de médiocrité!

Les deux dernières finales de la Coupe Stanley ont opposé deux organisations qui ont emprunté des parcours différents dans le but de pourchasser l'excellence, mais on en revient toujours à la même conclusion : le repêchage. Les Red Wings ont maintenu de hauts standards parce qu'ils avaient dans leurs rangs un grand leader : Steve Yzerman. Pendant les belles années d'Yzerman, et n'oublions pas Nicklas Lidstrom ainsi que la filière russe, les Wings ont dominé le repêchage même en terminant parmi les meilleures formations de la ligue, embauchant sous le nez de tout le monde des patineurs comme Henrik Zetterberg et Pavel Datsyuk.

UN COUP FUMANT

A-t-on des joueurs de ce calibre à Montréal?

>> Non. Des joueurs de ce calibre repêchés tard à Montréal, il n'y en a pas vraiment. D'ailleurs, ni à Montréal, ni à Anaheim, Atlanta, Boston, Buffalo, Calgary, Caroline, Chicago, Colorado, Columbus, Edmonton, Floride, Los Angeles, Minnesota, New Jersey, New York, New York, Ottawa, Philadelphie, Pittsburgh, Phoenix, Saint-Louis, San Jose, Tampa Bay, Toronto, Vancouver ou Washington.

Parce que les penseurs de cette organisation ont raté trop d'occasions au fil des ans et parce qu'ils ont été incapables de réunir ruse et clairvoyance, ils doivent maintenant frapper un grand coup. Tout d'abord au repêchage, puis au transfert des effectifs (il faudra bien payer un prix si on veut sortir Vincent Lecavalier de Tampa) et sur le marché des joueurs autonomes sans compensation. Quand on a 30 millions de dollars à dépenser, on doit attaquer dans toutes les directions à l'aide d' un plan solidement conçu pour ne pas rater son coup...

>> Ah voilà, la traditionnelle rumeur de Vincent Lecavalier. Mais c'est moi ou dire "attaquer dans toutes les directions" et "plan solidement conçu" ce sont deux directions plutôt opposées?

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